Portrait de Précieuse :

Roman “Lettres d’amour de 0 à 10” de Susie Morgenstern (Neuf de l’école des loisirs – ISBN 2-211-03693-7) – extrait p49 à 51

 

L’image d’elle assise immobile sur le lit le poussa à demander : “Grand-Mère, qu’est ce que vous faites toute la journée ?”

Précieuse dévisagea son petit-fils comme si elle avait avalé de travers ou comme si quelque chose s’était détraqué dans leur routine muette. Ils n’avaient certainement pas l’habitude de parler et les mots étaient scellés. Les mots, s’ils ne coulent pas en un jet perpétuel, se gèlent, ces mots qui sont les messagers de l’âme. “Qu’est ce que je fais toute la journée ? Je survis. Activement.” A Ernest elle dit : “Rien. Je me repose.”

“Mais Grand-Mère, on se repose après un travail.” Il pensa à ce que le maître avait dit, que celui qui ne fait rien devient faible, malade et fou.

“Je me repose de la vie. Je réfléchis.”

“Vous réfléchissez à quoi, Grand-Mère ?”

“A mes morts.”

Ernest n’était pas content de cette réponse car on meurt à passer toute sa vie avec les morts. “Les morts sont morts, Grand-Mère. Ils ne vont pas revenir.”

“Il ne faut quand même pas les oublier.”

“On peut se souvenir d’eux en faisant autre chose, n’est ce pas ?”

Sa grand-mère semblait surprise de son point de vue.

Il ne voulait pas être impertinent. Grâce à elle, il avait un toit, de la nourriture, des vêtements et des livres, mais c’est sorti malgré lui :”Est ce que vous pensez à moi ?”

“On pense plutôt à ceux qui ne sont pas présents. Toi, tu es là, tu t’en vas le matin, tu reviens, tu fais tes devoirs, tu ne me causes pas de mal.”

____________________________________________

Roman “Et c’est ainsi que nous vivrons” de Douglas Kennedy – extrait p272

“La nostalgie est l’une des formes de romantisme les plus effrénées – une tentative d’échapper au présent en se persuadant que tout était mieux dans le passé.”

Portrait de Précieuse :

Roman “Lettres d’amour de 0 à 10” de Susie Morgenstern (Neuf de l’école des loisirs – ISBN 2-211-03693-7) – extrait p49 à 51

 

L’image d’elle assise immobile sur le lit le poussa à demander : “Grand-Mère, qu’est ce que vous faites toute la journée ?”

Précieuse dévisagea son petit-fils comme si elle avait avalé de travers ou comme si quelque chose s’était détraqué dans leur routine muette. Ils n’avaient certainement pas l’habitude de parler et les mots étaient scellés. Les mots, s’ils ne coulent pas en un jet perpétuel, se gèlent, ces mots qui sont les messagers de l’âme. “Qu’est ce que je fais toute la journée ? Je survis. Activement.” A Ernest elle dit : “Rien. Je me repose.”

“Mais Grand-Mère, on se repose après un travail.” Il pensa à ce que le maître avait dit, que celui qui ne fait rien devient faible, malade et fou.

“Je me repose de la vie. Je réfléchis.”

“Vous réfléchissez à quoi, Grand-Mère ?”

“A mes morts.”

Ernest n’était pas content de cette réponse car on meurt à passer toute sa vie avec les morts. “Les morts sont morts, Grand-Mère. Ils ne vont pas revenir.”

“Il ne faut quand même pas les oublier.”

“On peut se souvenir d’eux en faisant autre chose, n’est ce pas ?”

Sa grand-mère semblait surprise de son point de vue.

Il ne voulait pas être impertinent. Grâce à elle, il avait un toit, de la nourriture, des vêtements et des livres, mais c’est sorti malgré lui :”Est ce que vous pensez à moi ?”

“On pense plutôt à ceux qui ne sont pas présents. Toi, tu es là, tu t’en vas le matin, tu reviens, tu fais tes devoirs, tu ne me causes pas de mal.”

____________________________________________

Roman “Et c’est ainsi que nous vivrons” de Douglas Kennedy – extrait p272

“La nostalgie est l’une des formes de romantisme les plus effrénées – une tentative d’échapper au présent en se persuadant que tout était mieux dans le passé.”